Le monde numérique fait désormais partie de nos vies et impacte considérablement l’ensemble de nos activités cognitives. Qu’il s’agisse d’apprentissage, de recherche ou d’innovation, le web décloisonne le cadre de notre réflexion par un apport quasi infini de références et d’expériences potentielles. La démarche créative s’épanouit dans un champ des possibles plus large que jamais, fermement soutenue par deux éléments dominants : la modélisation et le réseau.
Le processus créatif
Une définition consensuelle de la créativité serait l’aptitude à concevoir de nouveaux systèmes et/ou de nouvelles interactions au sein de systèmes existants, connus ou inconnus. Considérant que rien ne se crée, mais que tout se transforme, la démarche créative s’appuie sur le lot de connaissances accessibles, leurs modifications, enrichissements, réorganisations, etc.
Le processus de création s’organise ordinairement en quatre étapes : conscientisation du problème, incubation et temps de rêve, apparition de l’idée et enfin formulation et production. Soit deux phases rationnelles encadrant deux phases intuitives.
La modélisation, outil de créativité
Le numérique enrichit considérablement cette démarche classique en permettant une phase de modélisation. Ainsi dans de nombreux domaines, tels ceux du risque, des ressources humaines ou de la percolation de données, la conception d’un modèle numérique est un outil puissant de simulation et d’adaptation pragmatique de l’idée innovante.
La modélisation procède en trois temps : celui d’énonciation simple de l’idée ou de l’objet ; celui de la description mathématique (ou graphique) et celui de la saisie (dans l’ordinateur) des données obtenues. La simulation numérique est alors possible, expérimentant le nouveau système (naturel, humain, économique, etc.) dans son fonctionnement et ses évolutions possibles.
Évidemment, dans la modélisation numérique, il convient de garder à l’esprit que la carte n’est pas le territoire, et que la simulation ne prédit pas le réel. Mais, elle permet véritablement d’envisager le réel, avec une nécessaire prudence. Dans le domaine du management et du conseil, il s’agit principalement de modélisation d’entreprise (par exemple des concepts ou des valeurs : partage, impact…) ; de modélisation de processus (représentation des activités) ou encore de modélisation PNL (étude des comportements de réussite).
Le réseau et la démarche créative
Le terme de réseau désigne aussi bien un ensemble de trois ordinateurs plus une connexion internet, que le groupe de 550 relations autour d’une même personne sur Linkedin. Si le concept existait auparavant, c’est bien le Web qui l’a généralisée. Car le réseau ressemble au groupe par plusieurs aspects (interactions, objectif partagé, etc.), mais s’en distingue radicalement par l’aplanissement voire la disparition des notions de hiérarchie. La parole s’en trouve facilitée et le travail collaboratif optimisé.
Ce travail collaboratif est lui aussi une organisation ancienne. Mais les outils numériques de partage et de travail simultané contribuent à la démarche créative par un gigantesque brainstorming. De même que la veille et le benchmark contribuent (involontairement ?) à l’innovation par le partage de réflexions mondialisées, menées dans le cadre de logiques culturelles autres.
On le voit, les technologies numériques ont modifié les rapports à l’environnement cognitif, au temps et à l’espace. Sans doute en servant ainsi la réflexion, elles optimisent la capacité créative. Mais parallèlement, elles accélèrent une mondialisation de la pensée, une uniformisation culturelle peut-être périlleuse à plus long terme.
